La fête des mères consacre le moment où une femme passe du statut de Femme au statut de Mère. Pour un mari, c'est l'anniversaire du jour où il a perdu sa1 femme pour gagner une mère … la mère de ses enfants. Sa mère à lui, on n'y touche pas. Malheureux ! 

Dans mon couple sans enfants, plein d'amour, je suis attentif au bien être de l'autre. Je conserve mon individualité, mes projets, mes envies, mon identité et je partage « mon entièreté » avec mon partenaire. Il fait de même avec moi car nous sommes très importants l'un pour l'autre. Je ne le comprends peut-être pas, j'apprends à le connaitre et surtout, je m'intéresse à lui. Nous sommes deux.

Un jour ma femme devient mère.

De la fécondation —plus précisément le jour du pipi sur le test de grossesse— à la naissance je pense avoir le temps de me préparer. J'attends avec (presque) autant d'impatience que la future mère la naissance du bébé. J'accompagne ma femme partout où nous trouvons bien d'aller. Haptonomie, gynéco, magasin, visite de la maternité, … Je mets ma main sur son ventre qui devient rond et nous nous regardons (assez bêtement) en souriant.

Puis vient le jour de l'accouchement. Je participe autant que je peux. Il ne s'agit pas que je sois relégué dans un coin comme un vulgaire sextoy dont on ne se sert plus. J'accompagne moi monsieur ! En fait d'accompagnement, j'essaie de ne pas gêner et je me borne à faire preuve de beaucoup de calme. Tout va bien se passer ma chérie2. Donne moi ta douleur. Pousse.

Soudain, Jean-Kévin3 est là.
Tout va changer.

On congratule chaleureusement la mère et on me félicite tout en me remerciant de tendre une coupe de champagne. En terme de champagne, je sers du mousseux juste pas tiède parce que l'on est à l'hôpital quand même. Et puis, je sens déjà « l'odeur du baudet ».

Le baudet.

Imagine celui qui portera le frigo box avec ce fameux mousseux sous le regard inquisiteur des infirmiers, le sac à langer dans lequel il ne saura jamais où ranger les bodies et les couches, l'écharpe parce que c'est mieux (si si), le lit pliant qu'il faudra monter, descendre, ouvrir, fermer alors que bébé ne daignera pas dormir dedans une fois sur deux, …

Tout va changer.

Tout va changer parce que maintenant, on est une famille. Nous ne sommes plus l'unique centre d'intérêt l'un de l'autre. Nous nous élevons au statut de parent. Notre attention n'est plus consacrée au bien-être de l'autre, notre moitié, notre partenaire. Elle est consacrée au bien-être de l'autre. Jean-Kévin et son grand sourire.

Ce jour là, j'ai perdu une femme pour gagner une mère.
C'est la fête.
Bonne fête.


Crédit photo chez DeviantArt par Édouard Reinach (saintvinasse). Juste après le test de grossesse, le début de l'aventure.


  1. Pas question de possession ici ni de machisme. Dès lors que deux personnes décident de vivre ensemble l'un est le « mon » de l'autre et vice versa

  2. Si tu te reconnais dans ce texte, tu peux remplacer « chérie » par ce que tu veux; chouchou, mon chou, nounours, ma crotte, ma couille (dédicace spéciale / private joke), … 

  3. J'aime bien Jean-Kévin. Tu peux choisir Dylan ou Gontrand c'est selon. Dans « Little Kévin », Kévin crie « Jéronimo ^» la première fois où. La première fois où … Mmh, il faut lire la BD ;-)