Ce lundi 6 novembre par un hasard sans nom j'écoutais La Première. Je n'écoute plus beaucoup la radio car les publicités m'assomment. La Première est une radio belge très intéressante — Non, ce billet n'est pas sponsorisé — proposant l'une ou l'autre émission de qualité. J'écoutais donc l'une d'entre elles, j'ai nommé « C'est presque sérieux ».

Jean-Jacques Jespers y a fait une chronique sur le sujet très mode de l'écriture inclusive.

J'ai parlé récemment de l'écriture inclusive en raillant un tweet se moquant de celle-ci et plus particulièrement d'une inutile et trollesque réécriture d'une fable de la fontaine.

Pour bien apprécier la saveur de ce billet, il est préférable d'avoir suivi l'actualité de ces derniers jours sur le sujet. J'en rappelle quelques éléments sans être exhaustif.

  • Certain·es réduisent la notion d'écriture inclusive à la notation utilisant le point médian alors qu'elle est bien plus que cela. Outre la féminisation des noms de métiers — diriez-vous auteure ou autrice ? — elle propose d'abord la double flexion et l'utilisation d'un épicène s'il existe avant l'écriture avec un point médian.

  • Des voix s'élèvent — par exemple cette tweet story — pour remplacer la règle de grammaire dite du « masculin l'emporte » par la « règle de proximité ». Règle qui était d'usage jadis et qui est devenue celle que l'on connait parce que les académiciens de l'époque — majoritairement des hommes — en ont décidé ainsi car, je cite, le mâle est plus noble que la femelle. Point.

  • L'académie française a tranché: c'est un péril mortel !

Je retranscrits ici cette chronique de Jean-Jacques Jespers en espérant que vous en apprécierez la saveur et le second degré puisqu'elle prend tous les arguments ci-dessous au premier degré. J'ai ri.

La bonne nouvelle du jour est la réaction salutaire de l'académie française. Cet aréopage de sages que l'athérosclérose et la démence sénile n'empêchent pas de penser juste ni la voix chevrotante de clamer la bonne parole. Contre quoi les immortels se sont-ils salutairement élevés malgré leurs rhumatismes ? Et bien contre cette abomination que l'on appelle l'« écriture inclusive ».

Un grand danger. Et ils ont raison de le dénoncer. De quoi s'agit-il ? Et bien de cette méthode d'écriture préconisée par le soi-disant haut conseil pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Encore un refuge de frustrés et d'homosexuels. Ce fameux et fumeux haut conseil suggère que dans les médias et dans l'édition on féminise tous les noms de métiers et que l'on accorde le pluriel de manière non genrée. Hein ! Pour concrétiser cette règle stupide et arbitraire le même haut conseil veut que l'on écrive le masculin et le féminin dans un seul et même mot avec des points de milieu pour séparer des désinences. Donc; étudiant-point-e-point-s, régulier-point-e-point-s. Etc.

Alors je vous demande un peu comment va-t-on prononcer cette chose épouvantable ? On m'objecte que ce n'est pas fait pour être lu à haute voix, c'est simplement pour écrire les deux genres de manière plus courte. Synthétique. Balivernes croquignolesques. Alors qu'il existe une règle très simple qui indique bien la hiérarchie naturelle dans nos sociétés: le masculin l'emporte sur le féminin. Puisqu'il n'y a pas de genre neutre en français, le genre épicène, c'est-à-dire le non genre, doit être le genre dominant, c'est-à-dire naturellement le masculin.

C'est là un progrès formidable de la civilisation imposé — je vous le rappelle — il y a quatre siècles par l'académie française elle-même pour mettre fin à l'insupportable anarchie linguistique qui prévalait à cette époque.

Rendez-vous compte. Jusqu'au XVIIe siècle on utilisait en français plein de noms ridicules pour désigner les métiers féminins; prévote, autrice, peinteresse, charpentière. Pis encore quand il y avait plusieurs noms de genres différents, on accordait le pluriel avec le dernier nom cité. On ne disait pas — comme on doit dire: « ce garçon et ses cinq filles sont beaux ». Non. On utilisait la règle de la proximité, et on n'hésitait pas à proférer cette horreur: « ce garçon et ces cinq filles sont belles ». C'est incroyable.

Heureusement en 1651 le grand grammairien Scipion Dupleix conseiller du roi et membre de l'académie a mis les points sur les i — et pas entre les lettres. Il a énoncé et fait prévaloir pour l'éternité cette règle qui a la raison même. Je cite: « Parce que le genre au masculin est le plus noble il prévaut seul contre deux ou plusieurs féminins ». Vous avez bien entendu: « le genre masculin est le plus noble ». N'est-ce pas évident ? N'est-il pas temps de rappeler, comme le font entre deux quintes de toux les académiciens ? N'est-il pas temps de rappeler aux femmes quelle est leur place naturelle ? À la cuisine, à l'église ou au shopping.

Je m'excuse si je m'énerve mais j'ai difficile de rester tranquille quand on attaque notre belle langue française.

Extrait de la chronique de Jean-Jacques Jespers dans « C'est presque sérieux » du lundi 6 novembre 2017.


Crédit photo chez Gratisography. Une — des rares — académicienne tentant de passer inapercu… si tant est que sa jeunesse ne l'aie pas trahie.