TL;DR1 Si on te dit que c'est pour demain, c'est pour demain, pas après-demain !

— Remettez moi la description de votre travail pour vendredi au plus tard. Je vous ferai mes commentaires dans le courant de la journée de lundi afin que vous puissiez commencer à travailler.

Cette phrase parait anodine mais elle fixe en fait une contrainte. La consigne est de remettre un travail « vendredi au plus tard ». Mon garagiste et mon banquier comprendraient sans doute qu'il faut faire ça avant 16h. On est bien d'accord qu'un avocat dirait, quant à lui, qu'il s'agit du vendredi avant (strictement) minuit.

Bref, il faut faire ça pour vendredi !

Faut-il être souple ou strict au sujet du respect des consignes ?

Dans mon métier de prof, nous sommes sans cesse confrontés au respect des consignes:

  • une convention de nom de fichier;
  • une date de remise;
  • un ensemble de fonctionnalités à implémenter;
  • une heure d'examen;
  • des modalités de remise d'un travail;
  • le respect des conventions d'écriture du langage;

Ces consignes ont-elles un sens ? Ce sens est-il percevable par l'étudiant. Ce sens doit-il être systématiquement expliqué ? Puis-je imposer une contrainte sans raison, simplement parce que je préfère ? Puis-je encore imposer ?

Toutes ces questions parce qu'il y en a toujours un. Il y en a toujours un qui ne respectera par la consigne. Faut-il le sanctionner comme le train me sanctionne en partant si je suis en retard ou ne rien dire parce que finalement ce n'est pas grave si le plombier se pointe deux jours plus tard.

(J'avais pris congé mais je ne dis rien, je suis content qu'il vienne réparer la fuite … il m'aura couté deux jours de congé ce robinet !)

Moi, si le plombier ne se pointe pas au rendez-vous, ça ne me broute !

Samedi 11h, j'envoie la description de mon travail …

— C'est bon, c'est pas bien grave, il à dit qu'il nous dirait quoi lundi. Il a bien le temps !
— Perdu Rémy !

Ce WE s'annonce finalement bien chargé. Un barbecue vient se placer le samedi midi et je dois emporter mon barbecue car celui des amis sera trop petit2. Pour le dimanche par contre, c'est barbecue aussi mais il est prévu de longue date. Il faudra prévoir la tonnelle, les tables et les bancs. Il ne s'agira pas de s'y prendre à la dernière minute.

Bref !

Par respect pour mes étudiants, je mets mon réveil3 le samedi matin afin de lire ces descriptions de travail avant que les enfants se lèvent et que l'on se prépare aux fêtes du WE. Je n'aurai pas le temps à un autre moment de le faire surtout que lundi, nous avons un recours et il faudra être au boulot à 8h15 malgré cette damnée grève des trains …

Samedi matin, rien dans ma bàm !

Lundi soir, j'envoie un mail précisant que je lirai ça asap

Aujourd'hui, c'est moi qui suit embêté parce que eux n'ont pas respectés la consigne. Je suis embêté parce qu'il y a à nouveau plein de questions qui se bousculent dans ma tête et que c'est lourd de conséquence4. Je résume avec deux extrêmes:

  • Dois-je répondre au plus vite pour qu'ils puissent commencer à travailler ?
  • Dois-je ignorer leur mail en arguant que je ne lis pas mes mails pendant les vacances ? Je répondrai donc le 18 août, 3 jours avant l'examen !

S'il faut être attentif à respecter l'autre, il est tout aussi important de se sentir respecté. Dans le cas présent, je ne le suis pas. Appliquer une consigne, c'est être attentif au travail de l'autre. Si la consigne est là c'est qu'il y a probablement une raison. Personnellement, je suis toujours disposé à l'expliquer.


Crédit photo 'Charlie et la chocolaterie'. Histoire dans laquelle c'est toujours mieux d'écouter Willy Wonka lorsqu'il met en garde. Ici il vient de dire à Verrucaire Salt de ne pas prendre les noisettes de l'écureuil !


  1. Too long; didn't read signale que le billet n'est pas lu parce que trop long. J'en fait ici un résumé … très très résumé ;-) 

  2. Oui, j'ai un grand barbecue ^^ 

  3. Pour dire la vérité, je n'ai pas mis mon réveil le samedi matin car le vendredi soir (23h00), ma bàm restait désespérément vide ;-) 

  4. Si je ne prend pas le travail, l'année est ratée …