Ce 8 mars — comme chaque année — est une journée internationale commémorant les luttes des femmes. Kozlika propose sur son blog différentes initiatives pour laisser la parole aux femmes en ce jour.

Je relaie un article de Marie Kirschen parlant de la petitesses des poches des jeans. Je n'en donne ici qu'un extrait — pour éviter le duplicate content — et vous invite à le lire dans son entièreté chez buzzfeed.

J’ai vérifié les poches pour hommes et femmes de 6 magasins et on se fait arnaquer

Elles sont vraiment, VRAIMENT plus petites que celles des hommes –quand elles existent! Et c’est bien dommage.

J’aime les poches. Vraiment. Elles sont super pratiques et permettent de ne pas avoir à se trimballer un sac et de garder les mains libres.

Le hic, c’est que les poches des vêtements pour femmes qu’on trouve en magasins sont souvent très (trop) petites.

Ce n’est pas un problème pour toutes les femmes qui aiment avoir un sac à main, mais perso je trouve que ça prend de la place et ça fait mal à l’épaule, qu’on est moins libre de ses mouvements.

Or les poches de nos vêtements sont souvent tellement petites qu’elles en deviennent inutilisables: le portable ne rentre qu’à moitié et risque de tomber. Pareil pour la carte de transport, un portefeuille, des clés… Ça m’énerve et j’aimerais bien avoir de vraies poches vraiment pratiques. Et, visiblement, je ne suis pas la seule.

Récemment, au cours d’une discussion avec des collègues, j’ai évoqué le problème et certains des hommes étaient un peu étonnés. Les poches des femmes étaient-elles vraiment si petites?

Marie Kirschen est donc allée — à grands coups de photos — vérifier la taille des poches dans 6 magasins de Paris.

Alors, comment expliquer cette GROSSE arnaque? Comme les vendeurs et vendeuses n’en savaient pas plus que moi, je me suis tournée vers des spécialistes. Tout d’abord Nathalie Ruelle, professeure à l’Institut français de la mode. Contrairement à moi, elle n’est pas vraiment agacée par ces différences genrées. Au contraire. Pour elle, tout cela s’explique par le fait que les hommes et les femmes ont des usages différents des habits et que, selon elle, les femmes «ne veulent pas déformer la silhouettes de leurs vêtements».

«Les femmes se débrouillent sans poche avec les sacs à mains, aussi parce qu’elles ont plus de choses à transporter que les hommes: du rouge à lèvre, du parfum, de la poudre…», avance-t-elle.

Elle évoque aussi la question de la posture: «Par rapport aux codes de tenue, normalement on ne met pas ses mains dans ses poches et ça vaut encore plus pour les femmes». Mais il y a des femmes qui se moquent bien de ces questions de «code de tenue». Et qui n’ont pas toute une trousse de maquillage à transporter sur elle. Je lui demande pourquoi les fabricants ne font pas, tout simplement, des grandes poches, que chacune pourrait décider d’utiliser ou non. Elle estime que ça ne sert à rien: «ça coûterait plus cher» pour un usage qui, selon elle, «n’existe pas».

Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. Pour aller plus loin, je me lance dans une petite recherche internet sur l’histoire des vêtements. Et je trouve qu’autrefois… tout le monde avait le même type de poches. Il s’agissait de grandes poches amovibles, que l’on portait au-dessus des habits. La distinction a commencé à se faire à la fin du XVIIe: elles ont commencé à être cousues directement dans les vêtements des hommes. Mais pas pour les femmes. Derrière cela, on trouve une raison sexiste: les poches étaient «implicitement comparées à des vagins exhibés à l’extérieur, et des outils d’émancipation qu’il faut mater», explique Slate.

Je décide alors de contacter Christine Bard, parce qu’elle a travaillé sur l’histoire genrée des habits dans ses ouvrages Une histoire politique du pantalon et Ce que soulève la jupe. Identités, transgressions, résistances. L’historienne de l’université d’Angers insiste sur le fait que la petite poche «crée la contrainte du sac» et fait donc vendre. «Au fond, elle assure des revenus énormes à la maroquinerie!» observe-t-elle.

Surtout, elle me confirme qu’on trouve bien du sexisme derrière cette histoire de poches –aussi futile puisse-t-elle paraître.

«Sans poche ou avec une trop petite poche, le vêtement n’est pas pratique et c’est le but visé. Le vêtement féminin est avant tout parure, et il répond moins bien aux deux autres fonctions du vêtement: la pudeur et la protection. Les hommes se sont octroyés les vêtements les plus pratiques. La vulnérabilité, la gêne, l’embarras, la limitation de la mobilité sont entretenus par la codification genrée du vêtement, depuis des siècles.»

Elle conclut: «Les petites poches sont une des traces contemporaines de cette culture de la domination masculine.»

En conclusion: à bas le patriarcat et donnez-nous l’option de poches dignes de ce nom!


Crédit photo chez DeviantArt par atpase. Une fleur au bout du fusil ou simplement dans la poche.