La période des élections approche. Enfin je crois. C'est dire comme je suis au fait de la politique. Ceci dit, les signes précurseurs ne trompent pas. Les mayeurs — bourgmestres pour celles et ceux qui préfèrent — annoncent qu'ils se représentent alors qu'ils ont largement atteint l'âge de la retraite et, pendant ce même temps, certain·es plus jeunes se disent: « Pourquoi pas ? ». Ben oui pardi ! C'est bien beau de taper sur la politique et critiquer mais à un moment, il faut peut-être mouiller son maillot et y aller.

— Regarde ce qu'ils ont décidé. Encore une belle connerie. Et on a voté pour eux !
— Ben vas-y ! Présente-toi.
— …

« La critique est aisée, l'art est difficile. »
Anonyme que je cite à tours de bras.

Plus personne.

Parce que s'engager en politique, c'est… s'engager. Avant d'avoir suivi ou constitué le moindre dossier. Avant d'avoir mis son nom sur une liste — qu'il faudra choisir mais c'est une autre histoire. Avant d'avoir un programme. Un programme ! Ou tout au moins des sujets que l'on affectionne.

Je ne peux pas passer à côté des logiciels libres et de la neutralité du net. Les licences libres et Internet sont mes deux communs — lire à ce sujet La renaissance des communs de David Bollier (pdf) ou Wikipedia pour l'introduction courte — préférés bien que tous les autres communs valent la peine d'être défendus. Défendre les communs, c'est défendre qu'une ressource peut être partagée dès lors qu'elle est gérée collectivement par un groupe — les commoners — et régie par des règles et une gouvernance qui garantissent que la ressource perdure, reste pérenne et puisse être utilisée. Un commun n'appartient pas à quelqu'un. On ne parle pas de propriété mais d'usage. Et c'est beau !

Un autre de mes sujets de prédilection est « Du pain et des jeux ! ». Cette volonté — de qui d'ailleurs — de nous abrutir ou, plus gentiment, de nous endormir en nous gavant de publicités et de messages nous incitant à consommer. Toujours. Plus. Nous endormir en nous donnant des applications qui nous font perdre notre temps et ne nous élèvent pas. Nous avons des difficultés à passer un peu de temps sans écran. Nous ne regardons plus l'autre. Nous coupons un peu nos liens sociaux… et nous invectivons l'autre sur les réseaux sociaux. Sans plus de limite. Sous le couvert de notre pseudonymat. Il est pourtant possible — et plein d'initiatives existent — de limiter, décroitre et rencontrer l'autre dans des projets citoyens. Projets citoyens, c'est pédant. Disons dans des groupes de défense de l'agriculture locale, dans un groupe d'achat ou dans cette bonne vieille fanfare du village.

Mais avant tout ça donc, il faut annoncer que l'on se présente ! Et cette annonce se fait évidemment via les réseaux sociaux… mais peut-on dire les ou n'en reste-t-il qu'un ?

J'ai annoncé sur Diaspora que je me présentais. Je n'ai pas eu de réaction.
C'est un peu normal les 3 personnes que je suis ne me connaissent pas. Je n'ai quasi aucune interaction tellement c'est désert et, si Framasoft — via framaphere — n'avait pas créé son instance on n'en parlerait probablement plus. Dommage.

J'ai pouetté sur Mastodon que je me présentais. Je n'ai pas eu de réaction.
Ceux qui me suivent sur mastodon ne sont pas très nombreux et sont pour la plupart des gens que je n'ai jamais rencontré « en vrai ». Ils ne sont pas intéressés par la politique en général et évidemment pas par celle de ma ville.

J'ai twitté sur Twitter — vous avez remarqué que l'on twitte sur Twitter mais que l'on peut pouetter où l'on veut quand c'est acentralisé — que je me présentais. Je n'ai pas eu de réaction. Bon en fait, sur twitter par contre, ça commence à venir — en vrai, je ne sais pas, c'est une fiction — car j'ai des followers de mon village.

Et enfin — car je ne pense pas que l'on instagramme ou que l'on snapchatte lorsque l'on se présente aux élections. Si ? — j'ai posté sur Facebook que je me présentais. Là, les réactions ne se sont pas fait attendre. J'ai bien sûr — et c'est toujours une fiction — vu les like, love, haha, wow, sad et angry (sic) ainsi que les quelques commentaires — d'un seul mot — de soutien, d'étonnement ou déjà un peu et gentiment moqueur. Très peu de partages alors qu'ils apportent de la visibilité auprès des amis de mes amis.

Quelques heures plus tard apparaissait le premier commentaire d'une personne que je ne connais pas me demandant si je peux faire quelque chose pour les poubelles dans sa rue… :-\

Je m'étais demandé un peu plus tôt, s'il fallait que je crée un compte Facebook public uniquement destiné à la vie politique. Il aurait alors fallu refaire un réseau d'amis Facebook. J'utiliserai donc le même compte et je continuerai sur ma lancée de me distancer de plus en plus de Facebook dont le but est de me prendre mon temps.

Tout ces réseaux peuvent parfois se résumer à un seul. Et je ne communique rien à ceux qui n'ont pas de compte Facebook. Comment communiquer convenablement — même si peu le font — avec mes les gens de mon village ? Ceux qui ont — ou pas — voté pour moi. Ceux qui s'intéressent au travail des élus.

Un bon vieux blog.

Pour communiquer auprès de mes futurs électeurs d'abord, auprès de tous ensuite, je conserverais — et c'est ce que je te conseille, toi qui te présentes aux élections — mon bon vieux blog. Un blog hébergé chez un hébergeur professionnel et dont les billets sont cross-postés sur les réseaux sociaux. Sur ce blog, je présenterais les actions que j'ai entreprises.

Concrètement.
Simplement.
Avec transparence.

Si tout ça parait compliqué, il reste toujours l'autre voie. Beaucoup plus simple…

Si je me présentais aux élections je ferais comme Kevin. J'aurais un profil Facebook sur lequel je ne mettrais aucun article à lire. Il n'y aurait que des photos des fêtes de village où je paie des verres un peu à tout le monde. Se montrer et serrer des mains. Une méthode qui fonctionne non ?


Crédit photo chez Gratisography.