C'est la période pour cueillir de l'ail des ours.

J'écris ces quelques lignes pendant notre grande hibernation parce que je lis ça et qu'il y aura un avant et après coronavirus. Nous vivons tous quelque chose de nouveau. Une situation que nos parents n'ont pas vécue ni nos grand-parents. Nous nous souviendrons tous et toutes de ces jours de mars 2020 surement. Avril 2020 sans doute. Mai 2020 peut-être. Et après ?

Quelle que soit la manière de vivre notre grande hibernation, nous nous en souviendrons. Pour certaines personnes, cette période entraine beaucoup plus de travail, beaucoup plus de rencontres tandis qu'à l'autre extrème, elle amène une grande solitude. Un grand ennui. Cela dépend du métier de chaque personne. Pour nous, ces jours coincident avec des travaux dans notre rue. Notre rue qui est d'ordinaire très fréquentée ne voit (quasi) plus aucune voiture. C'est calme. C'est très calme. Nous vivons tous et toutes hors du temps. Hors de nos habitudes et, effectivement, nous en ressortirons changé.

Un peu.
Pas très longtemps.

Les consignes de confinement nous autorisent à aller au travail si le télétravail n'est pas possible et à aller faire nos courses. La règle première étant que le citoyen ou la citoyenne reste à son domicile autant que possible. Nous pouvons nous rendre dans les magasins d'alimentation, y compris chez nos producteurs locaux et dans nos petits magasins bio… par contre, s'il est possible d'acheter une gousse d'ail au supermarché, il n'est pas autorisé d'aller cueillir de l'ail des ours sauf si la personne peut se rendre au bois à partir de son domicile dans le cadre d'une sortie sportive ou d'une promenade. Je peux prendre ma voiture pour aller au super marché mais pas au bois. Dommage.

Aujourd'hui le confinement de chacun fait apparaitre des morceaux de ciel bleu, rend l'eau des rivières plus transparente, mute le ciel du bruit des avions. La pollution diminue et nous constatons que nous pouvons vivre avec moins. Nous nous disons que les fous qui parlent de simplicité ne sont peut-être pas tout à fait fous. Certaines personnes qui ne cuisinaient plus, achètent de la farine et des œufs. D'autres trouvent le temps de faire un jeu de société avec leurs enfants « parce que l'on ne peut pas rester devant un écran toute la journée ». Et, toute seule ou à deux, nous allons simplement nous promener et (re)découvrir notre quartier.

Nous pourrions voir une limitation de notre consommation et pourtant, il y a file devant les magasins. Je n'ose espérer que c'est parce qu'il y a un nombre limité de personnes autorisées au mètre carré. Je crains que dès que l'on ouvrira les portes des maisons lors de la fin du confinement, l'être humain réserve ses vacances au soleil avec Rayanair parce que c'est moins cher, repense au ski raté cette année en oubliant les canons à neige, achète une appareil électronique inutile parce que ça fait longtemps, offre des jouets en plastique bon marché à ses enfants parce qu'il s'imagine qu'ils en ont manqué, passe en vitesse chez Action acheter cette chose en promo inutile, arrête de faire son pain parce que ce n'est finalement pas si drôle, ne cuisine à nouveau plus et achète ce plat préparé sans vitamines et beaucoup trop sucré…

Il n'ira pas ramasser d'ail des ours dans le bois, d'ailleurs, il sera trop tard.
Il n'y en aura plus.


Crédit photo chez Unsplash par Pascal Debrunner.