Prolongation de session, c'est pas congé
Mercredi 3 novembre (2010), c'est congés, ce sont les vacances de la Toussaint avec la fête des morts et l'obligation d'aller au cimetière (en fait j'y vais plus depuis des années et j'aimerais que l'on m'incinère en dispersant mes cendres ... voilà ça c'est dit).
En fait non, ce n'est pas congé, il faut aller à l'école pour les prolongations de sessions. Et d'ailleurs il n'y a pas congé Jeudi et Vendredi. Comme quoi les profs ne sont pas toujours en congé.
Ce Mercredi ce sont les prolongations de sessions. Petit rappel; Une prolongation de session c'est la possibilité pour un étudiant de 3è BAC ayant raté son examen en juin et en septembre de le représenter une fois de plus en novembre de l'année suivante, histoire de quand même recevoir son diplôme. Le décret[1] nous dit
Sous-section VIIbis. - De la prolongation de la deuxième session d'une année diplômante (modifié par A.Gt 14-04-2004 ; remplacé par A.Gt 14-07-2006 ; modifié par A.Gt 28-08-2008)
Article 11bis. - Un jury prononce la prolongation de session d'un étudiant sur la base de la réussite d'un ensemble d'au moins 48 crédits pour chacun desquels il a obtenu au moins 50 % des points et pour l'ensemble desquels il a totalisé au moins 60 % des points pour autant qu'aucun des 12 crédits résiduels n'ait été défini comme pré-requis nécessaire à la finalisation des études.
Les pré-requis nécessaires à la finalisation des études sont arrêtés annuellement par les autorités de la Haute Ecole, sur avis du Conseil de catégorie, et mentionnés dans le programme des études de l'année académique.
Ce Mercredi, j'ai un étudiant de troisième qui doit présenter un travail en Java et je dois dire que ça m'ennuie de devoir aller à l'école pour ça.
C'est ton boulot
On pourrait me rétorquer que l'évaluation fait partie de mon travail. Et même si ce n'est pas la partie que je préfère, il est vrai que ça en fait partie. C'est cet aspet qui fait que les gars a qui l'on donne un BAC info sont (plus ou moins[2]) compétents ou pas. Et si j'ai bénéficié des secondes sessions pendant mon cursus [3] j'ai un peu de mal avec les 3e, 4e, ... sessions.
Bref, revenons au cas particulier qui nous occupe. Comme chaque fois que j'évalue un travail, je demande que l'étudiant me le remette quelques jours avant histoire de lire le code, le tester avant de venir à l'examen[4] (qui sera une défense oral du travail). Mon collègue fait de même car c'est un cours en deux partie (partie Java et partie C++).
À deux jours de l'examen voici la situation. L'étudiant ne remet rien pour sa partie C++ et me remet un travail clairement incomplet et non finalisé pour la partie Java ... sans être devin, on a compris qu'il sera en échec à la cote finale. L'habitude à l'école est de ne jamais (ou rarement) faire de commentaire sur les choix des étudiants et sur leur attitude. Un peu comme si on voulait à tout prix les respecter ce qui fait que nous (mon collègue et moi) nous sommes déplacés pour un seul étudiant venant pour l'un faire une cote de présence et pour l'autre défendre un travail trop peu finalisé. Nous sommes venu avec le sourire comme si tout cela est normal.
Et je me pose des questions, je voudrais me resituer par rapport à mon job;
- Est-ce que l'attitude de cet étudiant est normale ?
- Est-ce qu'il est normal que je me déplace (ça me coûte du temps et de l'argent) dans ces conditions (par ce que "c'est mon boulot") ?
- À l'inverse est-ce de l'orgueil de trouver "gros" qu'un étudiant aie cette attitude ?
- Où se trouve la frontière entre le respect du prof et le respect de l'étudiant ?
- À quel moment faut-il resituer un étudiant en lui disant que son attitude n'est peut-être pas la bonne [5] ?
J'ai rencontré l'étudiant en question avant l'examen lui faisant part de mes interrogations mais je n'ai pas eu l'impression d'être bien compris. Je pense qu'à force de respecter les étudiants, de les laisser prendre leurs responsabilités, de les laisser faire leurs choix, on craint de leur dire parfois qu'il faut se réveiller, qu'avec cette manière d'aborder leurs études, il vont droit dans le mur.
Vivement Juin et le drink de remises des diplômes, le moment où l'on voit nos étudiants sortants, le moment où l'on se dit que tout ça n'est pas vain ...
Commentaires
Laisse-les donc se prendre le mur une fois qu'ils seront dans le monde du travail!
J'ai eu moi-même du fil à retordre avec un stagiaire il y a quelque mois (nous partagions le même bureau): non content de s'accorder des horaires tout à fait fantaisistes et de parler très fort au téléphone (qu'il utilisait avec grand plaisir pour ses conversations privées), il a eu l'audace "d'emprunter" mon casque audio qui est l'un de mes outils de travail indispensables (sans me l'avoir demandé: c'eut été trop simple), visiblement sans aucune intention de me le restituer...
Et, évidemment, toute remarque lui passait complètement au dessus de la tête.
Je ne sais pas qui lui a rédigé son évaluation de stage, mais si j'avais eu cet honneur, j'aurais pris un malin plaisir à paraphraser monsieur Roald Dahl dans "Matilda": "I hope you have a family business you can push him into when he leaves school because he sure as heck won't get a job anywhere else".