Generation Y. Le pôle universitaire européen de Bruxelles Wallonie a organisé son colloque annuel le 26 février 2013

« Génération Y Réseaux (anti)sociaux et enseignement : entre fascination et rejet »

Passons rapidement sur les orateurs qui préfèrent s'entendre parler plutôt que d'essayer d'intéresser le public et ceux qui ont été trop généralistes pour moi pour simplement passer aux quelques réflexions que je me fais après cette journée.

Est-ce qu'une adresse mail est une donnée personnelle et donc privée ?

À notre arrivée, nous recevons une farde avec le bic et les petites choses habituelles.

Parmi elles, un livre édité et relié reprenant l'historique des colloque et du pôle ainsi que le contenu des présentations des orateurs. Je ne sais pas encore si ça a un intérêt quelconque, le mien ira bientôt à la poubelle. Je ne suis pas sûr que ce soit très «génération Y».

Deuxième découverte dans la petite farde, c'est un listing des participants. Si je trouve la démarche très intéressante car je suis content de voir le nom et la société des autres participants, je ne suis pas particulièrement content d'y retrouver mon email.

Je ne suis pas content car

  • je n'ai pas été prévenu que mon mail serait diffusé et
  • je n'ai pas eu la possibilité de refuser qu'il apparaisse

Pour la prochaine fois, ajouter une checkbox me demandant si je suis d'accord que mon mail apparaisse dans le listing des participants serait l'idéal … checkbox que je cocherai avec plaisir ! Je trouve cependant qu'il est normal que l'on me demande mon avis.

free, free speech, free of charge … et free beer

  • free pour la liberté d'internet. Les fournisseurs de service, d'accès n'exercent pas de contrôle sur ce qui circule sur le réseau.
  • free speech pour la liberté d'expression. Chacun est libre d'écrire ce qu'il veut dans les limites de son droit d'expression.
  • free of charge pour la gratuité de l'information, du contenu qu'internet véhicule. Le contenu sur le réseau est gratuit, je paie l'accès au réseau, pas l'information que j'y trouve.

Pour l'intervenant, cette vision est la vision utopiste de l'origine d'internet et on en est bien loin maintenant. Pour moi, naïf, c'est le web que j'essaie de fréquenter.

Je suis bien conscient que tout ne peux pas être gratuit mais je persiste à croire que tout ne doit pas être monnayé non plus. Dans une recherche d'un certain équilibre, j'essaie de microrétribuer les auteurs via Flattr et les programmeurs en payant mes applications (les rares fois où elles le sont). En contrepartie, j'accepte d'être profilé par certains services que j'utilise.

La génération Y est connectée … mais comment ?

L'orateur tire les mêmes conclusions que ce que je supposais … mais chiffres et études à l'appui.

Il est effectivement certain que la génération Y est connectée (75%), qu'elle utilise les réseaux sociaux (90%) et qu'elle est compétente … mais dans un domaine étroit.

Pour les réseaux sociaux, s'il appert qu'ils [1] sont tous connectés, ce n'est pas spécialement aux réseaux sociaux mais plutôt «à le» réseau social Facebook. Le pourcentage d'étudiants connaissant d'autres médias sociaux (Twitter, blogues, partage de bookmarks, …) [2] est nettement inférieur.

J'en conclu qu'il y a une forte utilisation de l'outil internet qui prédomine mais ce ne sont pas spécialement des geeks très au fait de toutes les «technologies».

De même s'ils utilisent un traitement de texte facilement, ils sont moins nombreux à faire de la retouche photo, du montage vidéo, des cartes heuristiques, …

J'ai trente millions d'amis

Si leur réseau est étendu parce qu'ils ont beaucoup d'amis, ce sont pour la plupart des liens faibles. Quand est-il des liens forts, les attachements ?

La différence entre un lien faible et un attachement, c'est que l'attachement à quelqu'un est réciproque. L'autre personne est quelqu'un sur qui je peux compter et il peut compter sur moi. Ce type de lien peut se renforcer sur internet, mais il ne peut pas se créer.

Peut-on avoir une relation ne se basant que sur l'écrit, voire la discussion par caméra interposée ?

Lorsque j'ai des contacts sur internet, il manque la syntonie [3], le fait que les cellules miroir de mon cerveau entrainent l'empathie (ou pas). Lorsque je lis les messages d'amis, je les visualise souvent dans la tête pour essayer de cerner le ton sur lequel ils «parlent». J'ai besoin de ça pour donner du sens à leur message.

Lorsque je m'adresse à mes trente millions d'amis, je leur parle à tous de la même manière par le biais d'un statut sur un réseau social alors que dans la vie privée, j'adapte mon discours à mon public. La communication est donc d'office biaisée et une partie de mes contacts (pas toujours la même en fonction du type d'info que je diffuse) se sent lésée car elle ne comprend pas le message … puisqu'il n'a pas été rédigé à son intention.

On parlera donc dorénavant de «contacts» et sûrement pas d'«amis» dans ce contexte et l'on retiendra que le virtuel permet de renforcer les liens mais pas spécialement de les créer.

Varier mon circuit du plaisir

J'ai appris quelque chose qui est probablement très courant pour les psytrucs [4], c'est la notion de circuit du plaisir … et le plaisir c'est important ;-)

L'homme est bien fait, il a tendance a oublier les mauvais moments et a retenir les bons. Le circuit du plaisir est cette capacité à pouvoir se rappeler un bon moment [5]. L'important dans ce circuit est de pouvoir le varier, avoir plusieurs activités qui stimulent cette partie du cerveau. Le danger d'un excès de virtuel c'est qu'il n'y aie plus qu'une seule activité qui me fait plaisir … ça devient une addiction et je casse ce circuit du plaisir en étant toujours à la recherche de cette seule activité qui me satisfait. C'est dommage !

L'anecdote Twitter qui est finalement assez représentative d'une fracture entre les «natifs numériques» et les «immigrants numériques»

Une autre manière de typer les générations est de parler de natifs numériques (digital natives) et d'immigrants numériques … ce qui est assez drôle finalement.

Il y a eu des tweets qui ont été échangés pendant les conférences.

— Évidemment ! diront certains

— C'est quoi un tweet ? diront d'autres

Je trouve normal que ça tweete pendant les confs cependant, l'improvisation entraine quelques couacs:

  • pas de wifi ouvert ce qui implique que le réseau n'est dispo que pour les privilégiés qui connaissent le bâtiment (et les codes wifi) ou qui ont un abonnement data,
  • comme rien n'est organisé, j'utilise les hashtags generationy et heb tandis que «les autres» utilisent bxlgenerationy … et j'en suis gentiment informé l'après-midi
  • lors de la séance questions / réponses et de la conclusion, les conférenciers ont principalement parlés entre eux et n'ont évidemment pas tenus compte des tweets éventuels … exceptés l'un des conférenciers qui a essayé … mais sans grands succès. dommage

Pour terminer, je souligne une expérience assez sympa de la part d'enseignants de psychologie sociale qui ont proposés à leur étudiants d'écrire un article de psychologie sur un sujet au choix … et de s'arranger pour qu'il se trouve sur Wikipedia.

Voilà pour le compte-rendu de ma journée …

Liens

Notes

[1] Je suis de la génération X, je me dois donc de dire «ils» ^^

[2] On ne parle même pas de projet open source comme identi.ca

[3] Se dit d'un sujet qui a tendance à vibrer en harmonie avec le milieu dans lequel il se trouve. Larousse

[4] Je ne leur manque pas de respect, je montre que c'est un domaine qui m'est très peu connu ;-)

[5] Une Orval chez la vieille bonne par exemple …