Et pourtant, je dois faire pipi. Si je veux y aller, je dois donner un de mes « bons points ». Je n'ai pas beaucoup de « bons points », je dois souvent aller faire pipi.

— Ah non ! Si je te laisse encore aller à la toilette maintenant, tu perturbes la leçon ! C'est toujours la même chose avec toi, tu es un vrai pisseur.

Ah bon. Pourtant, je suis convaincu 1 que si l'on laisse aux enfants la possibilité d'aller aux toilettes lorsqu'ils en ont besoin et que l'on n'interrompt pas la dictée pour celui qui est absent –tant pis, il y aura une phrase en moins sur sa feuille– le défilé aux toilettes se régulera tout seul.

C'est une première étape vers l'autonomie plutôt que vers un assistanat consistant –à gueuler certes– mais à répéter la phrase de la dictée, réorganiser une interro, rappeler une échéance, faire attendre le train, …

Si je ne vois pas que j'ai moins de points lorsqu'il manque une phrase de ma dictée, si je ne ressens pas le froid quand j'oublie mon bonnet, si je n'ai pas la possibilité de m'embêter une heure car le train ne m'a pas attendu alors je n'apprend pas. Je ne réfléchis pas. Je n'apprend pas à écouter mon corps (faim, froid, envies, devoirs, …).

J’apprends à faire ce que l'on attend de moi.

Nous prépare-t-on à être un bon citoyen ou à être un bon soldat ?

… un bon soldat.

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  1. Dans ce cas précis ma conviction m'a été soufflée par « vous savez qui » ;-)