Ma première réaction lorsque j'ai reçu ce livre était de ne pas le lire ! Cette idée qui me taraudait, cette idée que je n'arrivais pas à me sortir de la tête tellement certains mécanismes sont bien ancrés en moi. Cette idée:

Si je lis ce livre, on va se séparer …

Comment dire ce que l'on pense, comment être vrai peut-il être meilleur que de « lisser », que de dire ce que l'autre attend de soi, que d'être gentil ? Se poser la question est probablement l'argument principal pour effectivement lire le livre.

Dire ce que l'on pense … au bon moment et à la bonne personne.
Dire ce que l'on pense … en y mettant la bonne forme.

Préférez-vous que votre ami vous dise oui alors qu'il pense non ? Ou préférez-vous que votre ami vous rappelle que votre amitié est importante mais que, aujourd'hui, il décline ?

Lecture superficielle

Si je devais choisir deux éléments qui me paraissent importants dans ce livre …

La manière d'exprimer ce que l'on ressent1. Si je parviens à faire le pas d'être vrai vis à vis de moi-même, je devrai l'être vis à vis des autres. Je devrai donc exprimer ce que je ressens plutôt que de simplement dire oui … et penser non.

situation - sentiment - besoin - demande

  • observer les faits sans juger. Dire ce que je vois sans interprétation;
  • dire ce que je ressens face à cette situation. C'est un sentiment; de la joie, de la colère, …
  • quels sont mes besoins face à cette situation pour ne plus ressentir ces sentiments négatifs (ou, à l'inverse, pour continuer à ressentir ces sentiments positifs);
  • j'exprime clairement et sans (trop) d'emballages ma demande.

<insérez ici votre meilleur exemple>

Le deuxième élément qui a résonné en moi et dont l'écho2 est encore présent plusieurs jours après avoir refermé le livre tient en une seule phrase:

Désaccord n'est pas désamour

On a donc le droit de dire à l'autre que l'on n'est pas d'accord sans cesser de l'aimer et sans qu'il cesse de nous aimer.

Avec les collègues et l'entourage, pas trop de soucis, ça passe ou ça casse. Avec mes enfants non plus … mais avec son conjoint. Quel risque !

Lecture approfondie

Être vrai avec les autres et, peut-être surtout, avec soi-même. Être vrai permettra d'éviter les conflits intérieurs et aussi les guerres ouvertes avec les autres. « Cessez d'être gentil, soyez vrai », est une recherche de paix intérieure et d'une meilleure communication avec ceux qui m'entourent. Cette recherche veut m'aider à éviter tout type de conflit. Non pas les éviter en les cachant mais en essayant de les comprendre et de savoir d'où ils viennent.

À l'origine d'un conflit il y a souvent une personne qui ne sait pas formuler ses attentes de manière claire et négociable. Alors, elle juge et critique. Elle devient agressive.

Pour pallier ça, je dois3 apprendre à

  • écouter (tant moi-même que l'autre) avec respect et empathie. Ce qui veut dire ne pas m'énerver et ne pas vouloir avoir raison à tout prix;
  • dire non à temps, à la bonne personne et dans la bonne mesure. Ce qui évite le mécanisme de la cocotte minute.

Cocotte minute Dire oui et penser non. Laisser agir le temps. Soudain, BOUM, voir apparaitre la violence ou la dépression.

Je suis gentil au lieu d'être vrai car, tel Obélix, je4 suis tombé dedans quand j'étais petit. Je suis tombé dans cinq pièges.

Piège 1: Faire au lieu d'être

Je suis tel le hamster dans sa cage dont la vie se résume à une course infernale. Je veux faire; je veux te donner des conseils, je veux te consoler, répondre à ta place, faire à ta place, … au lieu d'être là, avec toi, à te consacrer du temps, à être à ton écoute, à te regarder faire / apprendre … simplement.

Piège 2: Mettre l'estime de soi dans le regard de l'autre

Je fais bien, je suis bien … si je pense que tu trouves que c'est bien.

Piège 3: Avoir peur de la différence

Peut-être le piège dans lequel on a poussé le plus de monde ! L'expérience de Milgram me donne l'impression que l'on est éduqué par les parents5, par les médias à être de bons soldats et que l'important est de faire ce que l'on attend de nous.

Cette docilité, cette importance d'être un bon soldat, à « bien faire ce que l'on attend de nous » se caractérise par, je cite Thomas d'Ansembourg, l'incapacité à résister:

  • au confort à court terme qui assoupit le cœur;
  • la consommation, le matérialisme qui étourdit l'esprit;
  • la sécurité à tout crin qui inhibe l'élan de vie;
  • au prêt à penser qui étouffe l'élan de vie.

La peur de la différence s'articule autour de deux peurs:

  • la peur de devoir entrer dans le moule de l'autre (alors que l'on est formaté pour);
  • la peur d'être rejeté si l'on se montre tel que l'on est. Alors je me rétrécis pour être gentil et admis;

… alors, je tolère l'autre uniquement s'il est pareil que moi ou s'il (tant qu'il) m'aime.

Même dans un environnement où l'on prône le droit à la différence est-ce que l'on ressent ce droit d'être différent ?

Piège 4: Je ne sais pas dire non

L'on revient au début de l'article: savoir dire non (1) à temps, (2) à la bonne personne et (3) dans la bonne mesure.

Pour pouvoir dire non il faut développer son assertivité. Avoir suffisamment de confiance en soi et d'estime de soi pour prendre sa place sans agression ni soumission.

Il est bon de privilégier la vérité et la franchise lorsque l'on veut dire non. Un mensonge, même si c'est plus facile, ne tient pas la route à long terme.

Ai-je envie d'ajouter à la confusion du monde par mon attitude (mensonge, agressivité) ?

— Non, je ne viens pas, j'ai piscine.
— J'aime quand tu m'invites et j'ai aussi envie de te rencontrer. J'ai également besoin de me retrouver avec moi-même ce week-end car j'ai accumulé trop de fatigue cette semaine. Ça te convient si on reporte ?

Un non, n'est pas signe de rejet, d'exclusion ou de désamour. Pourtant, j'ai peur que l'autre perçoive mon non comme un manque d'intérêt, d'amitié, d'amour … alors je dis oui ou je mens. Répondre à la question suivante aide à accepter le non de l'autre.

Quand l'autre dit non, à quoi dit-il oui ?

L'adolescent
Non, je ne vais pas au diner de famille.
Oui, je voudrais que le diner de famille soit joyeux et marrant comme avec mes potes.

L'enseignant
Non, on ne parle dans le fond.
Oui, j'aimerais partager avec vous ce que j'enseigne. J'essaie de rendre mon cours aussi intéressant que wow !

Piège 5: J'ai du mal à faire bon usage de mes sentiments

Quatre principes importants de la communication non violente m'aident à me recentrer sur mes sentiments et à éliminer ce qui engendre de la violence. Ces principes m'aident à développer mon assertivité, ma capacité à me positionner avec clarté et vigueur sans agresser et mon empathie, ma capacité à comprendre la position de l'autre sans démission.

Ces quatre enjeux de la communication:

  • Observer sans juger
    Il y a les faits et ce que cela me fait. Je me contente de poser un constat.

  • Ressentir sans interpréter
    Ce point est difficile à comprendre pour moi, vous pouvez m'aider.
    Certains sentiments sont des sentiments « primaires » positifs (alerte, enchanté, paisible, joyeux, …) ou négatifs (affamé, déprimé, blessé, …) d'autres sont des sentiments comprenant une interprétation ou un jugement (incompétent, incompris, rabaissé, harcelé, …). Je crois qu'il ne faut pas prêter des intentions à l'autre et lui dire ses « quatre vérités ». Mes sentiments sont là pour m'informer sur l'état de mes besoins.

  • Distinguer les besoins fondamentaux de mes envies
    Ne pas confondre les vrais besoins et les stratégies que l'on développe pour y parvenir. Mes vrais besoins sont ceux qui interviennent dans le vivre ensemble; l'écoute, le partage, la compréhension, l'entraide, l'amour, la reconnaissance, l'appartenance, le sentiment d'être utile, …

  • Demander ou agir Il ne faut pas s'attendre à ce que l'on devine ce dont j'ai besoin. Il faut éviter de s'enfoncer dans un défaitisme qui nous aigrit. Se prendre en charge et formuler positivement ses demandes.

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Pour conclure, l'auteur nous invite a avoir un rapport paisible avec le temps. Le plus important, c'est la qualité de nos relations. L'humain cherche un profond contentement de son être dans la relation à soi, la relation aux autres et la relation à l'Autre (la troisième dimension). Il privilégie la relation (être) au résultat (faire).

Pour Thomas d'Ansembourg, le choix fondamental de l'existence c'est:

Être heureux ou avoir raison

J'ai lu l'édition illustrée du livre. Je vous invite à faire de même …


Crédit photo chez DeviantArt par hipppy. Derrière le sourire forcé, un visage qui réfléchit à être vrai.

Une brève présentation du livre (et de cet article) se trouve sur le blog de Clémentine la mandarine qui a consacré un mois à la communication non violente. Si tu cherches un autre livre, c'est chez elle qu'il faut aller voir.


  1. C'est plutôt de la communication non violente et c'est très important. La communication, c'est la vie. Le manque de communication, c'est la mort ! 

  2. résonne / écho … c'est beau hein ! 

  3. Il est bien clair que j'emploie « devoir » mais que l'on n'est obligé à rien. D'un autre côté, si on lit, c'est que l'on veut se diriger vers un mieux … 

  4. J'utilise le « je » mais je ne me retrouve pas dans tout. Mon cas (et probablement le tien) n'est pas désespéré ;-) 

  5. Ce n'est absolument pas ma manière d'éduquer mes enfants … mais ceux qui me connaissent le savent.