La traduction libre et brève est en italique.

1/ S'engager dans des communautés professionnelles car trop souvent l'enseignant reste centré sur lui même et sur son cours. Cette ouverture commence par le travail en équipe.

Les cours que je donne seul, évolue moins vite que les cours que je donne en concertation avec des collègues. Ça dépend bien sûr du cours et surtout de l'équipe en charge mais la dynamique qu'apportent des cours préparés à plusieurs est une fameuse plus-value.

Pour s'ouvrir à l'extérieur, il est quasi-impossible à un enseignant de se rendre dans « le milieu professionnel » — on n'imagine pas accueillir un prof une journée en stage d'observation — alors, qu'a-t-il comme alternative ? Les conférences permettent de rencontrer des gens mais sont parfois vides de contenus et les formations doivent être très judicieusement choisies si l'on ne veut perdre ni son temps ni son argent.

2/ Comprendre comment utiliser la technologie. Nos étudiants sont probablement assez aware à la technologie et l'enseignant doit comprendre et savoir utiliser cette technologie afin de choisir les outils qui permettront un meilleur investissement des étudiants.

Il parait évident que l'enseignant maitrise peut utiliser moult technologies différentes cependant, ce n'est pas toujours le cas et les inégalités entre enseignants — ou simplement individus — sont très importantes. Ces incompréhension et méconnaissance de l'outil informatique de la part de certains me sidère toujours d'ailleurs.

Il ne suffit pas de connaitre des outils, encore faut-il pouvoir les mettre en œuvre dans la classe. La pédagogie inversée — voir Flipped classrooms — est une bonne manière d'enseigner aujourd'hui mais sa mise en œuvre reste difficile face à des étudiants qui n'y sont pas habitués. Le chemin vers l'autonomie reste long pour certains. Je pense cependant que c'est comme ça que les apprentissages doivent se faire aujourd'hui.

Les moments en classe sont réservés à la participation, aux questions / réponses à la résolution de projets… tandis que les éléments d'apprentissage passifs — lecture d'un chapitre, des notes de cours — sont relégués à la maison.

Pour permettre la participation des élèves et le travail collaboratif, des multitudes d'outils existent sur le net. À titre d'exemple, je cite; Framapad, github, Framindmap, Slack

Tomber sur un prof qui concilie connaissance des outils et mise en œuvre de ceux-ci avec un groupe réceptif c'est… rare.

3/ Savoir où trouver les bonnes ressources. Là, l'auteur nous propose son site et c'est (peut-être mais pas vraiment) une boutade. Les bonnes ressources, ce sont d'abord celles que l'on partage par exemple sur Pinterest.

Lorsque je parle à mes étudiants de trouver les bonnes ressources, je rappelle qu'il faut regarder à quelle date l'article a été posté, par quel auteur et sur quel site arguant que l'expérience me permet d'accumuler des sites de confiance. Pour ma part et dans mon domaine, il y a des bons vieux blogs que je suis via Twitter et Feedly puis les sites comme Openclassrooms et Stackoverflow que tout le monde connait finalement.

Feedly me sert à faire ma veille technologique — et autres — en rassemblant les derniers articles de tous les sites auxquels je suis abonnés. Ces bons vieux flux RSS. Lorsque je veux lire plus tard, je dépose dans Pocket.

L'article ajoute un point important, c'est la manière de partager les articles. Lorsque je trouve un article intéressant, j'aime·rais le faire lire par mes collègues. Twitter (et peut-être Pinterest) peut·vent être une solution de partage… qui ne touche malheureusement que les collègues déjà un peu geek.

4/ Participer sur les réseaux sociaux Par le passé, les enseignants étaient repliés sur eux-même, leur vie privée étant privée. Aujourd'hui, ils participent aux réseaux sociaux.

Il y a tant de réseaux sociaux qu'il ne faut pas les réduire à Facebook ou Twitter. Chaque réseau social a un rôle à jouer et il faut surtout éviter la centralisation et le « tout facebook ».

  • Facebook est destiné à la vie privée et à des informations générales. C'est un mauvais moyen de communication pour une association. Pour communiquer dans un groupe classe, je conseillerais Slack (parce que IRC c'est peine perdue pour la plupart)

  • Twitter est utile pour relayer des informations, des articles à lire, des absences, des rappels de rendez-vous ou de remises de projets… tout ce qui tient en 140 caractères

  • LinkedIn ne contient que le CV et des liens professionnels, (quasi) rien à lire
  • Git·hub·lab permet de donner une visibilité aux projets et pourra servir de carte de visite pour les étudiants. Ça montre une activité de la part de l'enseignant
  • Slideshare peut donner une visibilité aux slides du prof, apporter un peu plus de visibilité et de partage
  • Pinterest, Storify, Seenthis…

Finalement, comment structurer l'information que l'on diffuse et les endroits que l'on lit dans la pléthore de « lieux sociaux » ?

5/ Développer un bonne capacité de communication Tous ces réseaux et médias sociaux imposent aux enseignants d'être de bons communiquants. La manière d'écrire et de communiquer oralement doit être excellente dès lors qu'elle apparait dans les mails, sur Twitter ou encore sur un blog. Si tu n'es pas sûr de la perception qu'a le public sur ce que tu écris, demandes aux collègues une relecture.

La communication, le nerf de la guerre ! J'avais lu pour vous « Cessez d'être gentil, soyez vrai » que je vous invite toujours à lire car j'utilise tous les jours et je me répète tout le temps ces 4 mots: situation - sentiment - besoin - demande qui rythment ma communication. Si l'on peut tout dire, la manière importe beaucoup. Faux ! Elle est primordiale.

Dans le même mouvement, la manière de mettre en forme des documents longs est également très importante. Il est nécessaire:

  • d'aérer le texte;
  • d'utiliser des items;
  • d'écrire des introductions, des exemples;
  • de terminer par un récapitulatif

…un peu comme le présente la méthodologie information mapping.

6/ N'aie pas peur de dire « Non » Il s'agit de ta survie — la traduction est de plus en plus libre — de ne pas prendre plus que ce que tu peux supporter sans oublier les étudiants.

Si vous êtes comme moi, ce n'est pas facile.

Il faut également être attentif à cette méthode de gestion du personnel qui consiste à demander à celui dont on est sûr qu'il va délivrer dans les temps. Dans ce cas, il en va de sa survie de pouvoir dire non même si l'on sait que ce refus peut mettre la hiérarchie en difficulté.

On tire toudis s'ul baudet qui avance
(On tire toujours sur l'âne qui avance)

7/ Prends le temps de te déconnecter Comme tu t'imposes de dire non quand il faut, tu devrais également prendre le temps de te déconnecter des obligations. Tu n'es pas obligé de répondre aux 50 mails de parents,être présent sur Twitter, gérer un forum Facebook, mettre à jour ton blog et ajouter des images sur Instagram en une nuit. Les enseignants ont beaucoup d'autres choses à faire et doivent gérer leur temps. Les enseignants modernes sont connectés mais savent aussi comment se déconnectés. Don't burn out.

Pour ce qui est de la présence sur les réseaux sociaux, Hootsuite poste les messages quand tu lui demandes de les poster ce qui te permet de les écrire quand ça t'arrange.

Pour ce qui est de l'email, je suis un ardent défenseur de inbox 0. Ce principe consiste à garder sa boite de réception de mails (quasi) vide. En très résumé, lorsque l'on reçoit un mail:

  • on le traite tout de suite en faisant une réponse rapide si possible;
  • on le laisse là car il demande un peu plus de temps (et l'on sait qu'il sera traiter rapidement);
  • on l'archive car il ne demande pas de réponse,
  • on se désinscrit de la source car ce mail est sans intérêt

8/ Fêter la diversité1 L'on donne souvent une mauvaise réputation aux étudiants mais les enseignants savent qu'ils sont pour la plupart libres et ouverts d'esprits. Les jeunes ont des environnements familiaux et des différences raciales, ethniques et de genre. Les éducateurs modernes fêtent cette différence et l'utilise comme outil d'apprentissage.

La différence rencontrée à l'école me permet de rester éveillé face au monde. Le contact avec des jeunes de tout horizon donne l'occasion de se resituer par rapport à son propre vécu, par rapport à son environnement privé. Être enseignant face à un public « divers » est très riche.

Tout n'est pas rose et politiquement correct pour autant. Traiter avec des publics aussi variés en étant justes — du moins en essayant de l'être — n'est pas aisé. Un enseignant doit en même temps tenir compte des différences de chacun et être équitable.

9/ Apprendre toujours, tout le temps2 Le monde change rapidement. Avais-tu songé que tu verrais des drones, des voitures qui se conduisent seules, des imprimantes 3D ? Les enseignants sont au cœur de l'éducation et de l'apprentissage. Ils doivent donc apprendre et s'améliorer toujours. Il serait facile de prendre l'excuse du temps pour ne pas se former cependant, les enseignants modernes n'ont plus cette excuse puisqu'ils connaissent les MOOCs, autres cours en ligne. Ils peuvent donc apprendre où et quand ils veulent.

Oui et non.

Oui, bien sûr, il faut apprendre tout le temps et mettre en place la veille qui convient — j'utilise Feedly et les bons vieux flux RSS ainsi que Pocket — afin de resté informé et de pouvoir apprendre.

Non, les cours en lignes n'ont pas tout résolu car il faut gérer ses damnées journées qui ne font que 24h. S'inscrire à une formation et y être présent physiquement permet parfois de se déconnecter et de s'imposer de consacrer du temps à ce sujet. Les deux — la formation en ligne et celle en présentiel — ont leur importance.

10/ Fais ce que tu fais le mieux Bien que les médias le disent peu, tu es un professionnel. Tu as un diplôme en enseignement et tu sais comment faire fonctionner une classe. Tu sais identifier lorsqu'un étudiant est en difficulté et tu sais comment l'aider. Développer et enrichir tes pratiques est toujours encouragé comme pour chaque profession. Ne tombe cependant pas dans le travers d'utiliser la technologie simplement parce que c'est à la mode, utilise la parce qu'elle est pertinente. Les enseignants modernes savent comment équilibrer ce qu'ils savent, les pratiques qu'ils connaissent et les technologies leurs permettant de mieux atteindre leurs étudiants.

Je suis donc d'abord un pédagogue — même si c'est pompeux — dont la tâche principale est de donner l'opportunité aux étudiants d'apprendre. Je suis ensuite compétent dans les domaines que j'enseigne. Je ne suis pas un expert car j'enseigne plusieurs matières différentes et ma tâche principale c'est de chercher comment faire passer au mieux ces concepts. Ces outils technologiques me permettent par exemple de mettre en œuvre une pédagogie inversée non pas parce qu'un outil — magique ? — existe mais bien parce que je sais ce que c'est !

Pour reprendre la conclusion de l'article:

However the Essential skills for today’s teachers go far beyond “knowing how to use an iPad” and into the realm of connectedness. Knowing yourself, your students, your colleagues, and your profession make you a modern educator.

Amanda Ronan

Vous pouvez reprendre une activité normale… si vous êtes arrivés jusqu'ici.

Crédit photo chez DeviantArt par electricladyland. Une bonne vieille machine à écrire, quoi du plus moderne finalement !


  1. En anglais « Celebrate de difference ». Ce mot celebrate me fait penser à ces vidéos (ça date un peu) French maid TV. L'une d'elle parlait de RCP d'ailleurs. Souvent ces vidéos se terminaient par: « And now celebrate » 

  2. En anglais, c'est stay life-long learner. Va-t'en traduire ce terme bien plus parlant en anglais qu'en français.